Pour essayer d'éclaircir ce débat délicat, où chacun croit avoir quelque chose à dire,commençons pourquoi pas par quelques définitions :

Voile : Pièce d'étoffe qui recouvre, protège ou masque. mais aussi : Pièce d'étoffe qui dérobe aux regards un objet de culte

et encore : Pièce d'étoffe légère et transparente dont les femmes se couvrent la tête, le visage et parfois une partie du corps, soit de façon habituelle, soit à l'occasion de certains événements ou de certaines cérémonies. Voile de mariée, de communiante; voile de coton, de gaze, de mousseline, de soie, de tulle.

et une dernière citation tirée du Littré : Autrefois toutes les femmes en France s'attachaient un voile sur la tête ; celui de la femme d'un gentilhomme lui descendait jusqu'aux talons, au lieu qu'il était ordonné que le voile d'une bourgeoise ne lui passât pas la ceinture, SAINT-FOIX, Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 273, dans POUGENS.

(Demi) Surprise, notre société occidentale a voilé et voile les femmes. Certes les circonstances avec le temps changent et évoluent mais l'on rencontre quelques grandes récurrences.

La première c'est la femme que l'on ou qui se voile. A ma connaissance jamais ou très rarement l'homme. Le voile sépare souvent le pur de l'impur. Ainsi le voile du calice sépare le corps du Divin du regard des fidèles. Le voile sur la femme sépare sa pureté ou son mystère du reste du monde. Le voile peut être vécu comme une frontière, une barrière. Comme toute barrière le voile protège donc mais aussi contraint et délimite un espace, et donc plusieurs choses à la fois : Un respect du sacré, une protection rassurante, mais aussi une cloison qui enferme.

La deuxième, la notion de voile a toujours un rapport fort au sacré et au divin. C'est le voile qui définit ce qui sacré de ce qui ne l'est pas. Voile et regards sont intimement liés. Que croît-on voir de que l'on voile. Un mystère.

Mystère, mot d'origine religieuse qui désignait dans l'antiquité l'appartenance à un culte secret et plus récemment désignant chez les chrétiens la résurrection.

Le caractère divin et sacré du voile nous interroge sur l'essence des êtres, de leur place et du regard que l'on porte sur eux.

Le voile donne tout à la fois de l'importance à la chose voilée, et par la même nous empêche d'y accéder. Ne trouvons nous pas dans cette contradiction le moteur même du Désir, ce que je veux posséder mais qui est inatteignable. Voila bien un des paradoxe du voile, en tentant de soustraire au désir il l'interroge de fait.

Avant de faire peur, le voile attire, il donne de l'importance à la chose que l'on cache et que l'on croit deviner. Les orientalistes, tant peintres qu'écrivains ont sublimé cette femme voilée, sensuelle et désirable. "Le camail était de soie verte, orné de broderies d’argent. Un voile blanc enveloppait soigneusement la tête, n’en laissant paraître que le front et les grands yeux. Les prunelles étaient bien vertes, de cette teinte vert de mer d’autrefois chantée par les poètes d’Orient." Pierre Loti Aziyadé.

Nous sommes loin de la Burka, direz vous ? Qu'en savons nous ?

Nous tergiversons, nous légiférons, nous nous indignons ! Peut être à juste raison ? Mais comment sommes nous passé des fantasmes orientaux du XIXème siècle à la peur terrible de tous ce qui est caché. Comment nous sommes nous laissé manipuler par ses islamistes de pacotilles et ses gouvernants stigmatisant tous les non bien pensants en potentiels terroristes.

L'actualité récente montre que la Burqua d'ailleurs ne suffit pas puisque bien sur en plus "ils sont polygames et sans doutes mais il faut vérifier ils arnaquent les services sociaux..." dixit Brice...

Quelle parole et quelle place donnons nous à la femme voilée. La laissons nous s'exprimer honnêtement sans penser qu'elle soit contrainte ou endoctriner. Ce "Nous savons ce qui est bon pour la femme en Burka" n'est il pas un pire enfermement que le voile qu'elle porte ? Plus de mystère sensuel ou dangereux, en faisant des femmes voilées soit des victimes soumises soit des égéries fanatiques prêtent au pires attentats nous en faisons avant tout des objets. Plus de mystère, plus de rapport au divin mais juste la tentative de contrôler nos peurs et notre désir de mort. Plus de sensualité, ou de sacré mais juste du réalisme pragmatique jusqu'à la nausée.

Rendons la parole aux femmes, les voilées et celle qui ne le sont pas, les orientales les occidentales, toutes les femmes.

Les femmes opprimées ne sont pas toutes voilées et au lieu de faire une loi inique et bâclée sur le port du voile, il serait bon qu'en France quand une femme porte plainte dans un commissariat pour violence, on ne lui demande pas ses papiers pour tenter de l'expulser si elle n'en a pas. Voilà la vrai violence faites au femmes dans nombre de pays et surtout dans le notre.